mardi 20 mai 2008

LES CHOIX FONDAMENTAUX DU PADS (10)

IX. LE FRONT NATIONAL DEMOCRATIQUE


Ainsi s'imbriquent les tâches militantes pour la Libération et la Démocratie dans le cadre de notre programme politique. Mais ces tâches ne concernent pas uniquement les travailleurs ni notre parti en tant que force politique seule. Elles concernent toutes les classes et couches sociales qui souffrent de la situation actuelle, et qui ont un intérêt objectif en son changement. C'est la raison pour laquelle notre parti appelle à la constitution d'un "Front national de lutte pour la démocratie".

Les conditions objectives pour la construction d'un tel front existent. Elles sont dictées par l'approfondissement de la contradiction principale qui oppose la minorité constituée par la grande bourgeoisie compradore, à la majorité de notre peuple: ouvriers, paysans, artisans, petits commerçants, intellectuels et certaines couches de la bourgeoisie nationale...Mais des entraves d'ordre subjectif et politique persistent encore et empêchent actuellement l'organisation d'un front démocratique véritable doté d'un programme minimum conséquent.

Parmi ces entraves, la confusion qui règne sur la scène politique marocaine sous l'égide du "processus de libération et de démocratie" et de "l'unanimité nationale". Il s'agit là d'un leurre historique créé par la classe dominante et ses alliés, précisément pour empêcher la constitution d'un vrai front démocratique, et faire passer l'exploitation au nom de "l'unanimité" autour de la question nationale. En contrepartie, les élites de la bourgeoisie nationale et de la petite bourgeoisie sont invitées à partager quelques miettes économiques et politiques. Notre parti a résolument combattu ce leurre destiné à brouiller les cartes et semer la confusion dans les rangs populaires. Mais son influence reste présente, et certaines formations politiques non-gouvernementales continuent à le servir, à l'approfondir et à le reproduire. La ligne de démarcation entre le front des exploiteurs et celui des exploités s'en trouve confuse et camouflée.

D'autre part, les forces politiques actuelles ne représentent pas forcément la structure de classe de façon objective et précise. Certaines parmi elles, continuent à parler au nom de la classe ouvrière, alors que plus rien ne justifie leur représentation de cette classe ni sur le plan de la stratégie et de la tactique, ni sur celui des positions et de la pratique. D'autres prétendent défendre les masses populaires à coup de slogans, de promesses et de conditions démocratiques à toute participation électorale. Mais au moment des échéances cruciales, elles oublient leur conditions bruyamment énoncées, et se plient aux diktats de la classe dominante, en contre partie de quelques sièges électoraux et autres miettes politiques. Ces forces politiques ne sont donc pas fidèles à leur programme et aux classes et couches sociales qu'elles prétendent représenter. Autrement dit, ces classes n'ont pas encore forgé leurs expressions politiques véritables, avec la cohérence nécessaire sur les plans objectif et subjectif. Et c'est là un deuxième facteur qui entrave dans l'immédiat, la constitution d'un front démocratique sur des bases objectives et subjectives saines.

Notre parti continuera à militer et à lutter pour lever l'ensemble de ces facteurs et entraves, et à rechercher l'action unitaire pour la démocratie là où elle est possible. Que ce soit sur le plan syndical, sur celui des organisations de masses, ou sur le plan politique, le P.A.D.S. s'engage dans l'action unitaire pour la défense des droits de l'homme et de la démocratie véritable. Loin de tout sectarisme, il continuera à oeuvrer pour l'union de toutes les forces démocratiques, et à militer pour la constitution d'un
"front national de lutte pour la démocratie" doté d'un programme minimum de Libération, de Démocratie et de progrès. C'est là la seule issue pour résoudre la contradiction principale dans notre pays.


ATTARIK - organe du P.A.D.S. en langue arabe N° 203, 204 et 205 - octobre 1993

Aucun commentaire: