mardi 20 mai 2008

LES CHOIX FONDAMENTAUX DU PADS (9)

VIII. LA QUESTION CENTRALE: LA DEMOCRATIE


Et c'est là qu'intervient le lien dialectique entre la question de la souveraineté nationale, et la deuxième question à l'ordre du jour de notre programme politique: celle de la Démocratie. En effet, la question nationale, ne se pose pas pour nous de façon chauvine ou en vue d'élargir l'espace de l'exploitation... Elle se pose d'un point de vue de classe, avec son contenu populaire, en étroite liaison avec les intérêts économiques et politiques des travailleurs, et leur aspiration à la démocratie véritable.

La classe dominante de son côté, et à partir de sa propre position de classe, aborde également les deux questions de souveraineté nationale et de démocratie de façon liée. C'est le sens profond du fameux "processus de libération et de démocratie" qu'elle a mené et qu'elle mène avec ses alliés. Le lien entre la question nationale et celle de la démocratie y est évident et explicite. La classe dominante entend par là exploiter la question nationale, pour imposer une façade démocratique formelle et servir sa politique interne avant tout.

Notre parti a démontré dans bon nombre de ses analyses et prises de positions que cette classe, de par sa nature même, était incapable de réaliser ni le "libéralisme" dont elle se targue ni simplement la démocratie bourgeoise. Elle ne renie pas totalement cette forme
de démocratie, mais ne désire en appliquer que quelques aspects formels bénéfiques à son image de marque.

En tant que classe "féodalo-capitaliste" dépendante, elle combat le capital national et craint la concurrence et l'entreprise libres. Pour elle, les droits de l'homme doivent être limités, encadrés et contrôlés. Les institutions élues sont de simples chambres d'enregistrement composées et remodelées à volonté, selon la conjoncture. Quant à l'Etat de droit et la séparation des pouvoirs, ce serait un affaiblissement insupportable du pouvoir absolu et une menace grave pour ses privilèges.

Malgré ses slogans "libéraux", la classe dominante est hostile à la démocratie bourgeoise. Elle gère cette contradiction criante en exhibant une façade démocratique formelle, tout en s'opposant de façon systématique à l'établissement des fondements idéologique, économique, social et politique de la démocratie. L'absence de l'Etat de droit, la pseudo-démocratie et le pouvoir absolu constituent son terrain de prédilection pour exercer son hégémonie et son exploitation sous les formes les plus arriérées.

Sans contredire sa conception de la démocratie globale telle que définie, le P.A.D.S. milite à l'étape actuelle pour la démocratie dans ses formes les plus élémentaires. Tout en démasquant la nature antidémocratique de la classe dominante, il accepte de relever le défi et d'affronter cette classe sur le terrain qu'elle a elle- même choisi. Nous savons que la démocratie avec ses différentes formes et niveaux, ne se réalise pas spontanément ou par des dons charitables. Elle s'arrache par la lutte laborieuse et persévérante des citoyens et les acquis qu'elle engendre selon le rapport des forces. Cette lutte s'oppose en premier lieu à l'autocratie, et vise l'établissement des fondements de la démocratie même dans ses formes minima.

Nous concevons la lutte démocratique comme une lutte quotidienne dans tous les domaines: syndical, social, culturel et politique. Nous démasquons et affrontons quotidiennement les atteintes aux droits de l'homme et aux libertés démocratiques, et luttons politiquement contre la pseudo-démocratie destinée à la consommation externe.

Dans l'étape actuelle, notre parti donne une importance capitale à la lutte pour le respect des droits universels de l'homme, l'abrogation de toutes les lois coloniales et celles contraires à ces droits et le respect des libertés individuelles et collectives. L'action quotidienne dans tous les domaines pour la conquête d'acquis démocratiques sociaux, culturels ou politiques est notre préoccupation constante.

De notre point de vue, le problème constitutionnel doit être résolu dans le sens de l'établissement de la souveraineté populaire par une assemblée constituante librement élue. De même pour l'élection libre et honnête d'institutions représentatives. L'ensemble de ces revendications et actions démocratiques constitue une lutte révolutionnaire authentique eu égard aux conditions de l'étape et à sa nature. Tout acquis global ou partiel qui s'y réalise, est un acquis pour les travailleurs et l'ensemble de notre peuple.

Soulignons que cette conception de la lutte démocratique, sans nihilisme ni compromission, n'a rien à voir avec la tendance électoraliste qui cautionne la pseudo-démocratie en tant que couverture au pouvoir absolu, et pratique la collaboration de classe. La lutte menée par notre parti contre cette tendance, au prix de lourds sacrifices, a tracé la ligne de démarcation claire entre la lutte démocratique progressiste avec et pour le peuple, d'une part, et l'opportunisme de gauche comme de droite, de l'autre.


ATTARIK - organe du P.A.D.S. en langue arabe N° 203, 204 et 205 - octobre 1993

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