mardi 20 mai 2008

LES CHOIX FONDAMENTAUX DU PADS


LES CHOIX FONDAMENTAUX DU PADS

Cohérence et liens dialectiques


Abdelghani BOUSTA
Secrétaire national
Aux relations extérieures

LES CHOIX FONDAMENTAUX DU PADS (1)

INTRODUCTION

La naissance de notre parti remonte à la création de l'Union Nationale des Forces Populaires (U.N.F.P.) fondée par notre leader défunt Mehdi Benbarka en 1959. Ce grand rassemblement populaire avait pour objectif fondamental de parachever l'indépendance politique chèrement acquise, et de lui donner un contenu social de libération. Elle regroupa de larges couches de notre peuple, y compris certaines franges de la bourgeoisie nationale ayant intérêt dans la réalisation d'un tel objectif. L'Armée de Libération Marocaine, les cellules de la Résistance armée, l'aile gauche du parti de l'Istiqlal (Indépendance) et l'Union Marocaine du Travail y ont spontanément adhéré.

Il s'agissait d'un front de classe unissant les travailleurs, les paysans pauvres, les artisans et petits commerçants, les intellectuels et certains bourgeois nationalistes, dans un large mouvement populaire rejetant le néocolonialisme et le modèle capitaliste occidental. Il se trouvait alors en butte avec la classe "féodalo-capitaliste", relaie local du néocolonialisme. Cette classe oeuvrait à spolier la Nation des fruits de l'indépendance et à asseoir son hégémonie et sa domination.

Durant plusieurs décennies, notre parti a mené la lutte pour la Libération et la Démocratie véritables. Il a consenti d'immenses sacrifices: des dizaines de martyrs, assassinés ou décédés sous la torture, des dizaines de disparus au sort inconnu à ce jour, et des centaines de détenus politiques accumulant des siècles de condamnations à la prison ferme.

Etant donnée sa composition sociale originelle, notre parti a été traversé par plusieurs courants de pensées. Il a également expérimenté plusieurs stratégies et formes d'organisation, durant sa longue marche. Unis dans un même cadre de lutte progressiste, plusieurs courants ont coexisté en son sein: socialisme scientifique, social-démocratie, économisme, gauchisme, putchisme... Chaque courant s'est largement exprimé aussi bien théoriquement que dans la pratique politique et l'organisation, amenant le parti à adopter des stratégies parfois contradictoires, selon la conjoncture et le rapport de forces interne. Aussi, parallèlement à son action populaire pour la Libération et la Démocratie, il a connu au fil des décennies, un mûrissement de ses contradictions internes, une décantation et une clarification progressive, accompagnée de débats et de luttes internes reflétant sa propre composition sociale. Il s'en est suivi successivement l'éviction de l'économisme, du gauchisme, du putchisme et enfin du réformisme stérile.

Le P.A.D.S. se situe donc dans la continuité du courant socialiste révolutionnaire de U.N.F.P. La scission définitive de l'aile social-démocrate l'a mis devant des responsabilités et une tâche nouvelle: clarifier ses choix fondamentaux de parti, et élaborer une alternative progressiste pour le peuple marocain.


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I. NOTRE CHOIX IDEOLOGIQUE: LE SOCIALISME SCIENTIFIQUE


Il va de soi que la lutte des idées fait partie de la lutte des classes. Chaque classe met en oeuvre son idéologie pour défendre ses intérêts à travers ses médias et organisations politiques et sociales. Réciproquement, toute organisation qui prétend défendre les intérêts d'une classe déterminée mais n'en adopte pas l'idéologie, sera désarmée dans la lutte des idées et des positions et pratiques qui en découlent.

Notre parti qui défend les intérêts des travailleurs, a choisi depuis des décennies le socialisme scientifique en tant que méthodologie d'analyse et concepts généraux pour élaborer ses objectifs à court et long termes. Mais le courant social-démocrate qui était à la tête du parti, a constamment dénaturé ce choix au nom des particularités marocaines. Ce courant qui se réclame formellement du socialisme scientifique, pratique en fait une idéologie petite bourgeoise basculant tantôt dans le réformisme stérile, tantôt dans le putschisme et l'aventurisme. Notre parti a eu besoin de plus d'une décennie de lutte externe et interne, celle des idées et de la pratique, pour démasquer ce courant et trancher avec lui de façon définitive. Il a pu ainsi clarifier sa ligne idéologique sur la base de son patrimoine d'analyses, de positions et de pratiques révolutionnaires.

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II. ASPECTS HISTORIQUES


Si l'idéologie est une arme nécessaire dans la lutte des classes, cette dernière ne date pas d'aujourd'hui dans notre pays. Son origine remonte précisément à la division en classes de notre société. Il est donc naturel que notre choix idéologique repose sur des bases historiques. Notre parti n'a pas adopté le socialisme scientifique sur la base d'un pur choix théorique, mais en tant qu'aboutissement d'une longue lutte populaire. Cette lutte remonte à la résistance contre la pénétration étrangère et l'oppression féodale, s'est prolongée par les révolutions du Sud (Hiba et Maa El Aïnine), du Rif (Abdelkrim), le Mouvement National, la Résistance armée et l'Armée de Libération, et enfin la lutte de notre parti depuis plus de 30 ans. Durant cette longue marche, plusieurs clarifications ont eu lieu dans le mouvement populaire de libération en général, et dans notre parti en particulier. La scission du 8 mai n'en est qu'un aboutissement et un maillon d'une chaîne d'évolutions, de changements et de transformations politiques et sociales.

Héritier de cette longue tradition de lutte, notre parti a adopté le socialisme scientifique de façon "naturelle", parallèlement à l'évolution et à l'approfondissement des clivages de classes dans notre société. Il était donc naturel qu'un tel parti aux racines historiques adopte une telle idéologie, car le socialisme scientifique n'est autre que l'héritier légitime de toute pensée progressiste historique.


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III. UN PARTI DES TRAVAILLEURS


Notre choix idéologique aux racines historiques a également son encrage social dans notre société actuelle. Notre parti a pour vocation d'être celui de la classe ouvrière et de tous les travailleurs. Les clivages de classe et l'évolution historique de la lutte populaire n'étant pas des phénomènes particuliers à notre société, notre idéologie a sa dimension humaine et
internationale évidente. Nous avons adopté le socialisme scientifique en tant que pensée progressiste universelle, élaborée au cours de l'évolution permanente du mouvement révolutionnaire mondial, sur les bases incompressibles de la Liberté, la Justice et la Démocratie sociale. C'est pour nous un outil théorique pour analyser et saisir le passé et le présent de façon objective, et tracer les perspectives d'avenir qui servent les intérêts des travailleurs et de l'humanité entière.

Le socialisme scientifique en tant qu'idéologie a vu le jour dans un contexte historique connu: celui de la naissance et du développement du capitalisme, de l'évolution quantitative et qualitative de la classe ouvrière, et de la pensée socialiste en tant que contraire dialectique de l'idéologie bourgeoise. Cette pensée a connu un début marqué par l'éclectisme (le socialisme utopique, la dialectique, le matérialisme historique...) avant que Marx et Engels ne critiquent ses contradictions, et ne la débarrassent de ses utopies, pour jeter les bases du socialisme scientifique en tant qu'idéologie des travailleurs, héritière de la pensée progressiste universelle de l'époque.

Cette idéologie a donc pu intégrer les avancées de l'humanité sur les plans philosophique, économique, social, politique, et capitaliser les acquis du mouvement ouvrier sur les plans de l'organisation et de la pratique révolutionnaire. Mais cette intégration n'est ni mécanique et définitivement gelée, ni particulière et spécifique à l'Europe. Elle concerne l'ensemble de l'humanité, car si le capitalisme a vu le jour en Europe, il n'est pas né du néant. Il n'a pas tardé à devenir hégémonique et revêtir un caractère mondial. Et la civilisation occidentale elle-même n'a pu se développer qu'en intégrant les acquis des civilisations antérieures, et en particulier ceux philosophiques et scientifiques de la civilisation arabo-musulmane.
Depuis lors, le socialisme scientifique n'a jamais cessé d'évoluer et de s'enrichir des expériences révolutionnaires des peuples et des apports de leurs intellectuels organiques des cinq continents.


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IV. DES CONCEPTS DYNAMIQUES


En proclamant "qu'il n'y a qu'un seul socialisme", notre parti a donc déterminé notre adhésion au socialisme scientifique en tant que pensée universelle. Mais cette adhésion acquière son contenu concret par les réalités concrètes de notre pays, et de notre propre évolution historique en tant que parti et en tant que peuple.

Sachant que le socialisme scientifique est contraire par essence au dogmatisme, à la transcription mécanique et au simplisme, nous concevons notre idéologie comme une science en évolution permanente, fortement impliquée dans l'évolution des peuples et de l'humanité. La dialectique, le matérialisme historique, les lois de la lutte des classes et de la lutte sociale en général, sont pour nous des outils d'analyse, un état d'esprit avant tout. Il ne s'agit point de dogmes figés et définitifs, ni de raccourcis idéologiques ou de formules et recettes valables en toutes circonstances.

De même, nous croyons à la Justice sociale et aux valeurs morales, culturelles et comportementales progressistes comme alternatives à l'exploitation de l'homme par l'homme, à l'aliénation de l'individu et des peuples, et à l'égoïsme bourgeois décadent. Nous croyons aussi à la nécessité historique du parti des travailleurs, capable de
théoriser et d'impulser leur lutte, à condition qu'il demeure sous leur contrôle démocratique permanent.

Notre parti aspire à clarifier et enrichir constamment sa ligne idéologique et à se doter d'une théorie révolutionnaire en harmonie avec les réalités de notre peuple, ses valeurs et son patrimoine. Une telle idéologie ne peut se limiter à une simple profession de foi ni à une enseigne ou à une étiquette. Il s'agit plutôt d'un processus renouvelé d'accumulation d'idées, de valeurs et de concepts révolutionnaires éprouvés et vérifiés par la pratique expérimentale scientifique. C'est un cheminement historique qui n'accepte aucun modèle préétabli, et n'hésite pas à abandonner les lois ou schémas dépassés, au profit de concepts plus évolués, sans reniement ni fondamentalisme.

Ce processus accumulatif et évolutif, passe dans notre société spécifique par la confrontation sans merci avec l'idéologie "féodalo-capitaliste" dominante. Notre parti combat inlassablement ses idées et ses influences dans tous les domaines: économique, social, politique et culturel. C'est un combat d'idées, mais c'est également une confrontation dans la vie quotidienne pour battre cette idéologie décadente aux racines ancrées dans les temps révolus, et mettre fin à l'aliénation qu'elle exerce sur l'individu et la collectivité.

De même, nous nous opposons sans relâche aux déviations réformistes et putchistes qui dénaturent les concepts socialistes, les vident de leur contenu en vue de les utiliser comme couverture à la collaboration de classe, et comme relais idéologiques du néocolonialisme dans ses nouvelles formes modernes.

Notre parti ne s'attache pas à mener la lutte idéologique, à clarifier et à approfondir constamment ses choix et concepts, uniquement pour le plaisir de l'esprit, mais en tant que nécessité vitale pour élaborer sa stratégie, définir ses objectifs à court et long terme, affiner son organisation démocratique et guider sa pratique quotidienne au sein de notre peuple.

La ligne idéologique, la stratégie, le programme politique, l'organisation et la pratique quotidienne font parties du même choix fondamental: celui du socialisme scientifique tel que nous l'entendons. Ces parties d'un tout sont intimement et dialectiquement liées. Le choix idéologique dicte la stratégie, laquelle détermine le programme et les positions politiques. Mais seule la pratique au sein du peuple permet d'apprécier ces positions, de les vérifier et de les corriger éventuellement. Ces corrections doivent se refléter au niveau des objectifs et de la stratégie et remonter jusqu'au niveau idéologique lui même pour le faire évoluer et l'enrichir. C'est ainsi que le P.A.D.S. aspire à réaliser la cohérence et les liens dialectiques indispensables entre ses choix fondamentaux.


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V. STRATEGIE ET LIGNE POLITIQUE DEMOCRATIQUE


Sur la base de son choix idéologique, le P.A.D.S. s'est doté d'une stratégie claire pour le changement et l'avènement d'un Maroc libre et démocratique. Les objectifs fondamentaux de cette stratégie sont résumés par son slogan central: LIBERATION-DEMOCRATIE-SOCIALISME.

Parachever la Libération nationale est toujours à l'ordre du jour dans notre pays, après presque 40 ans d'indépendance tronquée. Il s'agit de libérer et d'unifier l'ensemble du territoire national du Nord au Sud et de réaliser la souveraineté nationale sur ce territoire. Il s'agit au même titre, de libérer les structures socio-économiques de la domination néo-coloniale, et de mettre fin à la dépendance organique dans les domaines militaire, stratégique, politique, économique, social, médiatique et culturel. Pour notre parti, la Libération concerne aussi bien le territoire national que la personne humaine.

C'est dans ce sens que la question de la Libération est intimement imbriquée avec celle de la Démocratie et le combat pour mettre fin à l'autocratie et aux vestiges des ères féodales révolues. La Libération dans sa dimension humaine et sociale ne peut se réaliser que dans le cadre du respect des libertés fondamentales, des droits de l'homme, de la justice sociale, des droits et devoirs de la citoyenneté, de l'Etat de droit et de l'égalité de tous les citoyens devant la loi; c'est à dire dans un cadre démocratique. La démocratie formelle qui légalise et couvre l'oppression et l'autocratie au nom du "libéralisme", contribue quant à elle à perpétuer l'aliénation individuelle et nationale.


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VI. LIBERATION - DEMOCRATIE - SOCIALISME


Mais la démocratie pour laquelle milite notre parti à long terme, n'est pas celle du modèle occidental bourgeois, formelle sur bien des aspects fondamentaux. Ce modèle a déjà montré ses limites et lacunes de manière flagrante dans cette fin de siècle; y compris pour les puissances occidentales les plus évoluées.

Pour nous, en tant que socialistes, la Démocratie est globale. Elle intègre tous les niveaux: économique, social, culturel et politique. Elle commence par la sauvegarde des droits socio-économiques des travailleurs et des classes laborieuses, et par l'égalité des citoyens devant ces droits. Elle se prolonge par l'exercice véritable des libertés fondamentales, des droits politiques et culturels, de la citoyenneté aussi bien sur le lieu de la résidence que sur celui du travail. Elle embrasse l'égalité, la justice sociale et l'épanouissement de l'homme en tant qu'objectifs et non pas comme moyens ou simples slogans formels et démagogiques.

Cette démocratie globale quant à son contenu, doit prendre les formes les plus évoluées, les plus proches du citoyen: directes, autogestionnaires et participatives. Elle se base sur les valeurs démocratiques universelles en tant que patrimoine forgé par l'ensemble de l'humanité et des civilisations, mais reste profondément ancrée dans les réalités de notre pays et le patrimoine progressiste de notre peuple. C'est par conséquent la Démocratie avec son contenu socialiste, à même de réaliser "la liberté, l'égalité et la fraternité" dans
les faits concrets de tous les jours et sous le contrôle permanent du peuple qui "se gouverne par lui-même".

Le socialisme par ailleurs ne peut être conçu que dans le cadre de la démocratie globale la plus large. Elle doit être son axe central et occuper une place majeure dans sa construction, au point de confondre démocratie socialiste et socialisme lui même.

Nos objectifs stratégiques de Libération-Démocratie-Socialisme se trouvent ainsi dialectiquement et organiquement liés, dans le cadre d'une seule et même stratégie stable et cohérente. Notre leader défunt Mehdi Ben Barka a eu le mérite, il y a plus de trente ans d'éviter à notre parti les modèles dogmatiques, les stratégies hachées en étapes successives abusivement séparées et qui se raccorderaient "tels des wagons". Il s'est écarté résolument de la bureaucratie et du stalinisme pour lier dès cette époque là, démocratie et socialisme scientifique, lutte de classes et lutte anti-coloniale, libération et démocratie, nationalisme anti-impérialiste et internationalisme. D'autres dirigeants et militants du parti ont approfondi ces concepts précoces pour enrichir le patrimoine du P.A.D.S. et aboutir à des choix idéologique et stratégique clairement établis.

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VII. SOUVERAINETE NATIONALE ET SOUVERAINETE POPULAIRE


Notre stratégie basée sur la trilogie dialectique: "Libération-Démocratie-Socialisme", ne peut se réaliser d'un seul coup ou par baguette magique. Elle ne se contredit en rien avec la tactique et les programmes politiques à court et moyen terme. Au contraire, une stratégie n'a de sens que par ses programmes d'action immédiatement fonctionnels. De même, toute tactique qui ne sert pas la stratégie ou la contredit, aura pour conséquence la déviation et l'échec à terme, quels que soient ses résultats ou gains conjoncturels..

Actuellement, notre parti agit selon un programme politique qui s'articule autour de deux questions fondamentales: la souveraineté nationale et la souveraineté populaire. La première concerne comme nous l'avons indiqué, la libération de l'ensemble du territoire national ainsi que celle de la personne humaine, de la domination coloniale et néo-coloniale. Et si toutes les classes sociales sans exception se rejoignent autour du slogan de souveraineté nationale, elles divergent de façon fondamentale sur le contenu et les objectifs à court et long terme de cette souveraineté.
La classe dominante a exploité et exploite encore la question nationale pour servir ses propres intérêts économiques et politiques, aux deux niveaux interne et externe. Ses positions et pratiques vis-à-vis de cette question sont des positions et des pratiques de classe visant à:

Sortir de l'isolement interne en s'alliant les élites de la bourgeoisie moyenne et de la petite bourgeoisie;
Perpétuer sa domination et sa guerre de classe dirigée contre les masses populaires, en les privant de leur pain quotidien et en réprimant leurs revendications légitimes au nom de la question nationale;
Légaliser l'arbitraire et l'autocratie au nom d'une démocratie formelle de façade;
Consolider ses liens organiques avec l'impérialisme et les institutions du capitalisme mondial.

Cette classe ne consent aucun sacrifice à la question nationale. Bien au contraire elle en profite pleinement et abusivement par le biais de la spéculation effrénée, des marchés
illicites, et des gains faciles accumulés par les nouveaux "seigneurs de la guerre". L'effort de guerre au Sahara marocain est reporté principalement sur les couches les plus déshéritées, physiquement et financièrement. On ne compte plus les taxes et autres ponctions dans les budgets des plus pauvres au nom de cet effort. La question des villes de Ceuta, Mélilia et des îles Zaffarines sous occupation coloniale espagnole après presque quarante ans d'indépendance, n'est toujours pas résolue. Elle a été "oubliée" pendant de longues années, et se trouve toujours marginalisée pour des raisons d'intérêts et de calculs économiques et politiques de la classe dominante.

Les résultats de la politique économique et sociale de cette classe, sous couvert de la question nationale, sont d'ailleurs éloquents: ils ont enfoncé le pays dans une crise structurelle grave, et l'ont mené au bord de la banqueroute.

Pour sa part, notre parti ne reniera pas ses objectifs fondamentaux de souveraineté nationale sur l'ensemble du territoire, et de Libération, pour la seule raison que la classe dominante a adopté (bien tardivement) les mêmes slogans pour servir ses propres intérêts de classe. Il ne cautionnera pas la politique anti-populaire et antinationale au nom d'une quelconque "unanimité nationale". Il n'acceptera pas que ses slogans lui soient volés et vidés de leurs contenus pour servir des intérêts étroits.
Notre parti se base sur ses choix fondamentaux et son ancrage de classe pour déterminer sa pratique et ses positions vis-à-vis de la question nationale. En effet, les travailleurs et l'ensemble des couches populaires, sont les vrais patriotes dont les intérêts sont en parfaite concordance avec ceux de la patrie libérée (au plein sens du terme) et unifiée. C'est eux qui souffrent de la double exploitation interne et externe, et payent la facture de la domination néo-coloniale et le pillage de nos ressources et potentiel humain. La souveraineté nationale véritable passe donc par la libération de notre peuple et la réalisation de sa souveraineté populaire.


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VIII. LA QUESTION CENTRALE: LA DEMOCRATIE


Et c'est là qu'intervient le lien dialectique entre la question de la souveraineté nationale, et la deuxième question à l'ordre du jour de notre programme politique: celle de la Démocratie. En effet, la question nationale, ne se pose pas pour nous de façon chauvine ou en vue d'élargir l'espace de l'exploitation... Elle se pose d'un point de vue de classe, avec son contenu populaire, en étroite liaison avec les intérêts économiques et politiques des travailleurs, et leur aspiration à la démocratie véritable.

La classe dominante de son côté, et à partir de sa propre position de classe, aborde également les deux questions de souveraineté nationale et de démocratie de façon liée. C'est le sens profond du fameux "processus de libération et de démocratie" qu'elle a mené et qu'elle mène avec ses alliés. Le lien entre la question nationale et celle de la démocratie y est évident et explicite. La classe dominante entend par là exploiter la question nationale, pour imposer une façade démocratique formelle et servir sa politique interne avant tout.

Notre parti a démontré dans bon nombre de ses analyses et prises de positions que cette classe, de par sa nature même, était incapable de réaliser ni le "libéralisme" dont elle se targue ni simplement la démocratie bourgeoise. Elle ne renie pas totalement cette forme
de démocratie, mais ne désire en appliquer que quelques aspects formels bénéfiques à son image de marque.

En tant que classe "féodalo-capitaliste" dépendante, elle combat le capital national et craint la concurrence et l'entreprise libres. Pour elle, les droits de l'homme doivent être limités, encadrés et contrôlés. Les institutions élues sont de simples chambres d'enregistrement composées et remodelées à volonté, selon la conjoncture. Quant à l'Etat de droit et la séparation des pouvoirs, ce serait un affaiblissement insupportable du pouvoir absolu et une menace grave pour ses privilèges.

Malgré ses slogans "libéraux", la classe dominante est hostile à la démocratie bourgeoise. Elle gère cette contradiction criante en exhibant une façade démocratique formelle, tout en s'opposant de façon systématique à l'établissement des fondements idéologique, économique, social et politique de la démocratie. L'absence de l'Etat de droit, la pseudo-démocratie et le pouvoir absolu constituent son terrain de prédilection pour exercer son hégémonie et son exploitation sous les formes les plus arriérées.

Sans contredire sa conception de la démocratie globale telle que définie, le P.A.D.S. milite à l'étape actuelle pour la démocratie dans ses formes les plus élémentaires. Tout en démasquant la nature antidémocratique de la classe dominante, il accepte de relever le défi et d'affronter cette classe sur le terrain qu'elle a elle- même choisi. Nous savons que la démocratie avec ses différentes formes et niveaux, ne se réalise pas spontanément ou par des dons charitables. Elle s'arrache par la lutte laborieuse et persévérante des citoyens et les acquis qu'elle engendre selon le rapport des forces. Cette lutte s'oppose en premier lieu à l'autocratie, et vise l'établissement des fondements de la démocratie même dans ses formes minima.

Nous concevons la lutte démocratique comme une lutte quotidienne dans tous les domaines: syndical, social, culturel et politique. Nous démasquons et affrontons quotidiennement les atteintes aux droits de l'homme et aux libertés démocratiques, et luttons politiquement contre la pseudo-démocratie destinée à la consommation externe.

Dans l'étape actuelle, notre parti donne une importance capitale à la lutte pour le respect des droits universels de l'homme, l'abrogation de toutes les lois coloniales et celles contraires à ces droits et le respect des libertés individuelles et collectives. L'action quotidienne dans tous les domaines pour la conquête d'acquis démocratiques sociaux, culturels ou politiques est notre préoccupation constante.

De notre point de vue, le problème constitutionnel doit être résolu dans le sens de l'établissement de la souveraineté populaire par une assemblée constituante librement élue. De même pour l'élection libre et honnête d'institutions représentatives. L'ensemble de ces revendications et actions démocratiques constitue une lutte révolutionnaire authentique eu égard aux conditions de l'étape et à sa nature. Tout acquis global ou partiel qui s'y réalise, est un acquis pour les travailleurs et l'ensemble de notre peuple.

Soulignons que cette conception de la lutte démocratique, sans nihilisme ni compromission, n'a rien à voir avec la tendance électoraliste qui cautionne la pseudo-démocratie en tant que couverture au pouvoir absolu, et pratique la collaboration de classe. La lutte menée par notre parti contre cette tendance, au prix de lourds sacrifices, a tracé la ligne de démarcation claire entre la lutte démocratique progressiste avec et pour le peuple, d'une part, et l'opportunisme de gauche comme de droite, de l'autre.


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IX. LE FRONT NATIONAL DEMOCRATIQUE


Ainsi s'imbriquent les tâches militantes pour la Libération et la Démocratie dans le cadre de notre programme politique. Mais ces tâches ne concernent pas uniquement les travailleurs ni notre parti en tant que force politique seule. Elles concernent toutes les classes et couches sociales qui souffrent de la situation actuelle, et qui ont un intérêt objectif en son changement. C'est la raison pour laquelle notre parti appelle à la constitution d'un "Front national de lutte pour la démocratie".

Les conditions objectives pour la construction d'un tel front existent. Elles sont dictées par l'approfondissement de la contradiction principale qui oppose la minorité constituée par la grande bourgeoisie compradore, à la majorité de notre peuple: ouvriers, paysans, artisans, petits commerçants, intellectuels et certaines couches de la bourgeoisie nationale...Mais des entraves d'ordre subjectif et politique persistent encore et empêchent actuellement l'organisation d'un front démocratique véritable doté d'un programme minimum conséquent.

Parmi ces entraves, la confusion qui règne sur la scène politique marocaine sous l'égide du "processus de libération et de démocratie" et de "l'unanimité nationale". Il s'agit là d'un leurre historique créé par la classe dominante et ses alliés, précisément pour empêcher la constitution d'un vrai front démocratique, et faire passer l'exploitation au nom de "l'unanimité" autour de la question nationale. En contrepartie, les élites de la bourgeoisie nationale et de la petite bourgeoisie sont invitées à partager quelques miettes économiques et politiques. Notre parti a résolument combattu ce leurre destiné à brouiller les cartes et semer la confusion dans les rangs populaires. Mais son influence reste présente, et certaines formations politiques non-gouvernementales continuent à le servir, à l'approfondir et à le reproduire. La ligne de démarcation entre le front des exploiteurs et celui des exploités s'en trouve confuse et camouflée.

D'autre part, les forces politiques actuelles ne représentent pas forcément la structure de classe de façon objective et précise. Certaines parmi elles, continuent à parler au nom de la classe ouvrière, alors que plus rien ne justifie leur représentation de cette classe ni sur le plan de la stratégie et de la tactique, ni sur celui des positions et de la pratique. D'autres prétendent défendre les masses populaires à coup de slogans, de promesses et de conditions démocratiques à toute participation électorale. Mais au moment des échéances cruciales, elles oublient leur conditions bruyamment énoncées, et se plient aux diktats de la classe dominante, en contre partie de quelques sièges électoraux et autres miettes politiques. Ces forces politiques ne sont donc pas fidèles à leur programme et aux classes et couches sociales qu'elles prétendent représenter. Autrement dit, ces classes n'ont pas encore forgé leurs expressions politiques véritables, avec la cohérence nécessaire sur les plans objectif et subjectif. Et c'est là un deuxième facteur qui entrave dans l'immédiat, la constitution d'un front démocratique sur des bases objectives et subjectives saines.

Notre parti continuera à militer et à lutter pour lever l'ensemble de ces facteurs et entraves, et à rechercher l'action unitaire pour la démocratie là où elle est possible. Que ce soit sur le plan syndical, sur celui des organisations de masses, ou sur le plan politique, le P.A.D.S. s'engage dans l'action unitaire pour la défense des droits de l'homme et de la démocratie véritable. Loin de tout sectarisme, il continuera à oeuvrer pour l'union de toutes les forces démocratiques, et à militer pour la constitution d'un
"front national de lutte pour la démocratie" doté d'un programme minimum de Libération, de Démocratie et de progrès. C'est là la seule issue pour résoudre la contradiction principale dans notre pays.


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X. L'UNITE ARABE


Mais la pensée unitaire ne s'arrête pas pour nous au plan national. Sur la base de notre choix idéologique, nous sommes profondément convaincus que le socialisme est unificateur. De plus, toutes les considérations historiques et de culture font que notre peuple est partie intégrante de la Nation arabe. Par ailleurs, la contradiction principale que vit la nation arabe dans son ensemble, ne diffère pas de celle de notre pays, quant à son essence et ses aspects principaux. Cette contradiction continue d'approfondir le clivage entre d'un côté le sionisme, l'impérialisme et la réaction arabe, et de l'autre l'ensemble des forces patriotiques et démocratiques arabes.

Notre parti a toujours considéré la cause du peuple palestinien, comme sa propre cause nationale. Il ne s'agit pas pour nous de "solidarité" avec ce peuple, car nous sommes directement concernés par la lutte contre le sionisme fascisant et l'impérialisme. La question palestinienne, et le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à la constitution de son Etat indépendant sur son sol occupé, demeure pour nous une question centrale dans la cause arabe. La Libération et la Démocratie occupent une place centrale dans cette cause, mais aussi l'union des peuples arabes, abusivement séparés par le colonialisme. Les régimes de leur côté, ont oeuvré pour approfondir cette séparation et la cristalliser, au profit de leur propre union et imbrication avec l'impérialisme, et leur participation active dans ses plans néocolonialistes liquidateurs. Les classes compradores dont ils représentent les intérêts ont pu exercer l'exploitation "féodalo-capitaliste" arriérée, et jouir de leurs privilèges étalés sous la protection du parapluie capitaliste occidentale.
Nous croyons donc et militons pour l'union de la Nation arabe, celle des peuples sur la base de leurs intérêts objectifs, leur histoire commune, leur combat commun contre le colonialisme, le sionisme et l'impérialisme, et leur avenir commun. Cette union doit être construite par la volonté des peuples eux-mêmes, à travers leurs organisations sociales et politiques, et leurs institutions réellement représentatives.

Dans l'étape actuelle, nous mobilisons toutes nos forces contre les entraves et les facteurs qui pourraient handicaper l'avenir de l'union de la nation arabe. Parmi ces facteurs: le chauvinisme, l'ethnicisme, le régionalisme, les conflits et les guerres fratricides, ainsi que les plans liquidateurs visant à faire de l'occupation sioniste, du séparatisme et des frontières coloniales préfabriquées, des faits accomplis définitifs. Ces plans tendent à généraliser la pénétration économique sioniste et le modèle de domination néo-coloniale évolué à l'ensemble de la nation arabe.
La constitution de Fronts démocratiques dans les deux grandes régions arabes Maghreb et Machrek, pourrait être un pas important vers l'unification de toutes les forces nationales et démocratiques de la nation arabe, contre le front de l'impérialisme, du sionisme et de la réaction, largement unifié, coordonné et imbriqué.
Il ne s'agit pas d'union sentimentale qui reproduirait les schémas et échecs connus; mais de l'union sur des bases objectives, pour un programme national et démocratique minimum, et par les formes de coordination et d'entraide fraternelle dans le respect de la souveraineté et de la spécificité de chacun.


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XI. L'UNITE DU MAGHREB


Dans cette perspective, notre parti a prôné depuis sa naissance, l'unité du Maghreb comme un pas concret vers l'unité de la nation arabe. Là aussi, il s'agit d'une union stratégique des peuples par le biais des institutions et organisations qui les représentent démocratiquement. L'union du Maghreb ne peut être séparée, dans notre vision dialectique, des objectifs de Libération et de Démocratie, de souveraineté nationale et populaire.

Les formes d'unions artificielles proclamées par en haut pour des raisons de tactique qui servent les intérêts de tel ou tel régime, prennent toujours fin avec le dépérissement de ces raisons tactiques. Leurs résultats concrets sont souvent négatifs, car ils dénaturent le concept même d'union et altèrent sa crédibilité au sein de l'opinion populaire, en particulier lorsque les classes dominantes utilisent l'union pour coordonner et accentuer leur exploitation.

Mais il va de soi que notre conception et notre action pour l'union du Maghreb, ne se limite pas à notre position stratégique de façon absolue. Nous n'attendons pas que toutes les conditions objectives et subjectives de l'union telle que nous la concevons soient réunies pour agir. Dans l'étape actuelle, nous soutenons tous les pas unitaires qui servent les intérêts des peuples, ne serait-ce que dans un seul domaine économique, sociale, ou culturel. Nous soutenons et agissons pour tout ce qui peut rapprocher les peuples et amoindrir les tensions ou conflits fratricides. Nous nous opposons résolument au chauvinisme, à toute tentative d'accentuer la séparation et le séparatisme, à toute tactique "unitaire" visant à renforcer la réaction au détriment des forces nationales et démocratiques et à tout plan visant à servir la dépendance, l'autocratie et l'exploitation au nom de l'union.


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XII. NATIONALISME ET INTERNATIONALISME


Nos choix fondamentaux aux niveaux national, maghrébin et arabe, sont partie intégrante de notre engagement universel au niveau de l'ensemble de l'Humanité. De tels engagements sont issus fondamentalement de notre choix idéologique et des valeurs universelles qu'il sous tend de liberté, égalité, fraternité, démocratie, socialisme, paix mondiale et coopération fraternelle entre les peuples.

Ces valeurs ne sont pas des vues de l'esprit ou de simples idées utopiques. Elles représentent une réalité concrète véhiculée et matérialisée à notre époque par les différentes composantes du mouvement progressiste mondial. Face à ce mouvement, se tient l'impérialisme et ses alliés en tant que force mondiale hostile à ces valeurs. Cette force investit ses moyens colossaux, militaires, économiques, financiers, politiques et médiatiques pour perpétuer la domination néo-coloniale dans des formes et avec des méthodes de plus en plus évoluées.

De plus, les effets croissants de la mondialisation, de l'interpénétration et de l'imbrication des structures économiques dans le cadre du grand marché capitaliste mondial, font que les données de la situation internationale sont présentes dans notre vie
quotidienne. La domination et l'exploitation sans merci imposées aux pays dépendants, ainsi que les interactions de la lutte mondiale entre forces réactionnaires et forces de progrès, sont présentes dans notre réalité de tous les jours. Elles sont palpables à tous les niveaux: économique, social, politique, médiatique et culturel. Elles influent directement dans notre combat "interne et externe" pour la libération, la démocratie et le socialisme.

Notre parti n'a pas hésité à choisir son camp: celui des forces de paix, de liberté, de démocratie, de progrès et de socialisme face au camp du fascisme, du sionisme, du racisme, du néocolonialisme, de la guerre, de l'impérialisme et de l'exploitation de l'homme par l'homme. Entre les deux camps, il n'y a de logique que celle du combat. Il n'y a pas de place à la confusion, à l'obscurantisme, ou à une soi-disant "troisième voie".

Fidèle à son engagement anti-impérialiste, le P.A.D.S. prend position dans les questions fondamentales de la situation internationale. Il combat de façon concrète tous les aspects de la domination économique et de la dépendance exercées par les institutions financières du capital mondial et les sociétés transnationales. Il s'oppose à la course aux armements et à la prolifération des armes nucléaires qui menacent l'humanité entière. Il combat toute présence militaire et stratégique de l'impérialisme sur le sol de notre pays. Il milite contre l'aliénation culturelle véhiculée par les médias occidentaux, et pour la sauvegarde du patrimoine et de l'identité culturelle de notre peuple
.
La lutte de notre parti contre l'impérialisme et ses pratiques néo-coloniales dans tous les domaines économiques, politiques, médiatiques et culturels, rejoint celle de toutes les forces de progrès pour l'établissement d'un ordre mondial nouveau et juste. C'est l'alternative au désordre, à la loi de la jungle, à la domination, à l'exploitation des peuples et à la désertification de continents entiers.

L'ordre nouveau peut et doit voir le jour, grâce au rassemblement et à l'action de toutes les forces mondiales de justice et de progrès, pour rétablir des relations d'échange égalitaires entre les nations, de co-développement et de coopération fraternelle entre les peuples. Ainsi s'ouvrira une ère nouvelle de liberté, de justice, de paix et de progrès.

Notre contribution militante à la réalisation de l'ensemble de ces hautes valeurs universelles, concrétise le lien entre notre ligne internationaliste, notre stratégie sur le plan national, et notre choix unitaire maghrébin et arabe. L'ensemble de ces orientations se traduit par une seule et même ligne politique cohérente et globale issue de notre choix idéologique fondamentale: le socialisme scientifique, théorie des travailleurs et guide de notre combat pour:
LA LIBERATION, LA DEMOCRATIE, LE SOCIALISME, L'UNITE, LA PAIX, L'ORDRE MONDIAL JUSTE, L'ECHANGE EGALITAIRE ET LA COOPERATION FRATERNELLE ENTRE LES PEUPLES.


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XIII. CONSTRUCTION ET RENOVATION PERMANENTE DU PARTI


L'ensemble de nos choix idéologique, stratégique et politique n'ont de sens qu'accompagnés d'une organisation et d'une pratique correspondantes. Nos objectifs fondamentaux ne peuvent voir le jour que sous l'égide d'un instrument révolutionnaire (le parti) constamment construit et rénové. Notre choix organisationnel et les décisions prises dans ce sens depuis la moitié des années soixante, sont partie intégrante de notre choix idéologique. Il n'y a pas de place dans le P.A.D.S. à la séparation entre la théorie et la pratique, entre l'idéologie et l'organisation. Il n'y a pas de place non plus à la théorisation abstraite et subjective loin de la réalité concrète, ou au traitement technique de la question de l'organisation sans contenu idéologique ni concepts.

Notre parti a consenti d'énormes sacrifices dans la lutte objective contre ses ennemis de classe, mais aussi suite à des erreurs d'organisation et aux incidences pratiques des déviations réformistes et aventuristes. Aussi, le P.A.D.S. est-il très attentif à la question de l'organisation qu'il considère comme vitale. Certes, "il n'y a pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire", mais qu'il n'y a pas non plus de mouvement révolutionnaire sans organisation révolutionnaire. Les sacrifices de nos dirigeants et militants, et leurs apports théoriques et pratiques n'iront pas en pure perte. C'est grâce à eux que le P.A.D.S. dispose d'un grand patrimoine et d'une longue expérience en matière d'organisation, constamment renouvelé par les contributions des militants.


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XIV. LE CENTRALISME DEMOCRATIQUE


Le centralisme démocratique dans son concept originel enrichi de notre propre expérience et de celle des peuples, continue à nos yeux d'être une forme d'organisation adaptée à notre réalité sociale et politique. Nous le concevons comme un ensemble de règles et de directives souples et adaptatives pour organiser la vie interne du parti. Basées fondamentalement sur la démocratie interne, ces règles permettent l'efficacité dans les prises de positions, la rigueur dans la marche des structures d'organisation, la discipline de parti et la régulation du comportement quotidien de tous les membres actifs. Elles requièrent également l'initiative individuelle et collective, les apports et contributions personnels, la collégialité à tous les niveaux de prise de décision et la démocratie interne dans ses formes participatives les plus évoluées.

L'ensemble de ces règles ne sont pas des abstractions ou des slogans pour enjoliver les rapports et les programmes d'organisation du parti. Elles constituent des valeurs et principes qui ont force de loi en son sein, valables pour tous les militants quels que soient leurs rangs ou responsabilités. Le respect scrupuleux de ces principes, et leur application interactive avec nos choix idéologiques, stratégiques et politiques, permet d'avancer de façon substantielle vers la consolidation de notre parti, et la réalisation concrète de nos objectifs.

Certes le débat est de nouveau ouvert sur la question du centralisme démocratique suite à l'échec du modèle bureaucratique de la construction du socialisme. Mais nous pensons que le vice est fondamentalement dans ce modèle, dans la notion de modèle elle-même, et dans la perversion du contenu (au-delà de la querelle de
vocabulaire) du concept même de centralisme démocratique. Ce dernier doit impérativement rester démocratique en toutes circonstances. Et le parti qui désire la démocratie pour son peuple, doit l'appliquer en premier lieu en son sein, et de la façon la plus étendue et la plus large. La démocratie interne doit y occuper constamment la place centrale. Elle ne peut laisser la place à la bureaucratie quels que soient les motifs invoqués tels les impératifs de la lutte, de la clandestinité, de la sécurité ou autres. Quelles que soient les circonstances, il y a toujours moyen de préserver les droits démocratiques des militants et leur souveraineté sur leur parti.

Conscient de l'importance vitale de la question de l'organisation, notre parti est amené non seulement à appliquer les principes établis dans ses rapports et décisions interne, mais à les faire évoluer, à les adapter aux conditions de chaque étape et à les élever constamment vers des niveaux supérieurs de démocratie et d'efficacité. Dans cet effort d'évolution, il doit rester très près de la réalité concrète de notre pays et de notre peuple, et s'enraciner dans les couches populaires. Dans le respect des valeurs populaires progressistes, il doit en même temps innover, rejeter les méthodes artisanales, hisser ses structures, institutions et méthodes d'organisation à un niveau digne d'un parti moderne répondant aux exigences de notre époque. Tout en approfondissant son caractère authentiquement populaire, empreint de sa propre histoire et des acquis et valeurs progressistes spécifiques de notre peuple, il aspire en même temps à élargir son horizon universel et affirmer sa vocation d'avant-garde.
Loin de toute forme de bureaucratie, nous concevons cette vocation comme un engagement aux premières lignes de la lutte des masses populaires, avec ce que cela nécessite comme sacrifices et abnégation.


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XV. LES ORGANISATIONS DE MASSES


Dans cette perspective, l'action au sein des organisations de masses revêt une importance capitale pour le P.A.D.S.. Dans le respect le plus strict de la vie interne de ces organisations et des 4 principes fondamentaux de leur fonctionnement (autonomie, démocratie, orientation progressiste, caractère de masse) les militants du P.A.D.S. s'efforcent, à titre individuel, à occuper les premiers rangs de la lutte démocratique de masses.

Cependant, les organisations de masses ne sont pas pour nous des lieux sacrés exigeant un comportement idéaliste ou utopique. Nous savons qu'elles constituent également un terrain de la lutte de classes avec ses incidences économiques, sociales, culturelles et idéologiques.
L'idéologie dominante dans notre société demeure celle de la classe "féodalo-capitaliste". Cette dernière a oeuvré depuis des décennies, à détruire les valeurs populaires de dignité, honnêteté et relations fraternelles entre citoyens. A leur place, elle impose les "valeurs" d'exploitation, de domination du plus fort, d'opportunisme, d'égoïsme et de dégradation des moeurs. Ces phénomènes négatifs et rétrogrades envahissent tous les domaines, et peuvent s'infiltrer également dans les organisations de masses, ou même dans le parti, en tant que corps vivants de la société.


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XVI. LA CONSTRUCTION PERMANENTE


C'est la raison pour laquelle le P.A.D.S. construit et rénove constamment son organisation. Non seulement il veille à l'application des principes démocratiques d'organisation, mais il fournit un effort intellectuel pour s'auto-analyser de façon objective, et combattre les éventuelles incidences de l'idéologie dominante. Ces incidences peuvent générer, dans le parti comme dans les organisations de masses, à titre individuel ou collectif, des déviations telles le réformisme, la bureaucratie, le dogmatisme, l'extrémisme de gauche, le sectarisme. Elles peuvent aussi se répercuter au niveau du comportement par l'opportunisme, l'élitisme, le culte de la personne ou la dégradation des moeurs...

Le P.A.D.S. aspire à être un parti d'avant-garde non seulement par ses choix théoriques et pratiques, mais également au niveau de la qualité humaine de ses militantes et militants. Chaque membre du parti s'efforce d'élever son niveau de formation, d'améliorer ses initiatives et apports théoriques et pratiques, et son comportement quotidien. Basé sur une forte conviction idéologique, ce comportement est centré sur les valeurs d'honnêteté, de droiture, de respect de la parole donnée, de fidélité aux principes, de modestie et de respect de l'autre... Pour nous, ce ne sont point des valeurs moralisantes désuètes ou récupérées par la bourgeoisie, mais le fondement du comportement du militant socialiste au service de son peuple. Nous nous battons pour les reconquérir, et les populariser avec leur contenu humain et progressiste véritable. A l'heure de la crise et de la décadence du système capitaliste mondial dominant, la question comportementale n'est pas pour nous une simple question de morale, mais une nécessité vitale dans le combat contre la réaction et l'obscurantisme.

Comme nous l'avons indiqué, notre parti a définitivement tranché avec la tendance social-démocrate aventuriste. C'était un saut qualitatif dans le cadre d'une longue marche faite de clarifications et de décantations. Initié dans le mouvement de libération national lui même, le processus de clarification s'est prolongé dans l'histoire de notre parti et continuera à exister. Seul le sujet, l'objet et les critères de la clarification changent avec le degré d'évolution du parti et la nature de l'étape. C'est notre conception de la construction et de la rénovation permanente du parti qui nécessite constamment, tantôt de dépasser les erreurs par la critique et l'autocritique, tantôt de trancher avec les déviations irrécupérables.

La construction de l'instrument révolutionnaire n'est donc pas une opération mécanique ou déterminée dans le temps. Elle est partie intégrante de la lutte de classe entre les forces de changement et de progrès, et les forces conservatrices. Elle a donc un caractère global où s'imbriquent dans un mouvement de va-et-vient: l'évolution idéologique permanente, les prises de positions politiques justes accompagnées de la pratique adéquate, la marche démocratique dynamique et évolutive des structures internes, l'engagement militant aux premières lignes dans les l'actions de masses, la défense des valeurs et principes fondamentaux, l'amélioration du comportement quotidien, la correction des erreurs et la rénovation permanente...


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